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Taxer les riches : Illusion de solution fiscale durable ?

Les débats autour de la fiscalité des plus riches sont souvent enflammés, teintés d’idéologies et de solutions simplistes. Pourtant, le mantra du « faire payer les riches » pour combler les déficits ou financer de nouveaux programmes a ses limites. Examinons de plus près pourquoi cette idée généralement populaire ne constitue pas une panacée pour les défis budgétaires des États-Unis tout en décryptant les données sous-jacentes et en analysant les implications économiques et sociales à long terme.

Un Système Fiscal déjà Très Progressif

Aux États-Unis, le système fiscal est reconnu comme l’un des plus progressifs parmi les pays développés. Selon le Joint Committee on Taxation (JCT), les 50 % des contribuables américains les plus modestes paient un taux d’imposition fédéral moyen de 6,8%. En comparaison, le 1 % le plus riche contribue à hauteur de 34 %. Cela signifie que les ménages à hauts revenus subissent une pression fiscale disproportionnée par rapport à leurs revenus.

Comparé à certains pays européens, l’approche fiscale américaine repose fortement sur les impôts progressifs sur les revenus et la masse salariale, tandis que d’autres nations utilisent plus fréquemment des taxes à valeur ajoutée qui impactent les consommateurs indépendamment de leurs niveaux de revenus.

Le Rêve Américain du Modelé Européen

Beaucoup de progressistes américains admirent les systèmes de protection sociale européens, souvent perçus comme plus généreux. Pourtant, le niveau global de taxation aux États-Unis est relativement bas. Par exemple, la France prélève environ 43 % du revenu national en impôts, contre environ 25 % aux États-Unis.

L’enthousiasme pour des programmes tels que le « Medicare for All » masque souvent la réalité des coûts. Lorsque le sénateur Bernie Sanders a proposé son plan de financement pour la santé universelle, il a introduit une série de nouvelles taxes, notamment un taux d’imposition sur le revenu de 52 %. Toutefois, même ces mesures ambitieuses ne parvenaient pas à couvrir l’intégralité des coûts envisagés, créant un déficit de plusieurs milliers de milliards de dollars.

L’Écart Croissant entre Recettes et Dépenses

Selon une estimation de l’économiste Jessica Riedl de la Manhattan Institute, même maximiser la fiscalité des riches contribuerait tout au plus à 1 % ou 2 % du PIB supplémentaire en recettes fiscales. Cependant, le Congressional Budget Office projette des déficits atteignant en moyenne 6 % du PIB dans les années 2030, avec une progression vers 9 % d’ici 2054. Ces chiffres illustrent une inadéquation claire entre l’ampleur potentielle des recettes fiscales progressives et les dépenses publiques projetées.

Le Véritable Problème : Les Dépenses

Historiquement, les recettes fiscales fédérales ont fluctué autour de 17 % du PIB. Elles devraient atteindre presque 19 % sans intervention législative supplémentaire. Cependant, les dépenses publiques sont en passe de grimper à 27 % du PIB d’ici 2054. Ces augmentations ne sont pas principalement dues à des dépenses militaires, mais découlent de la sécurité sociale, des soins de santé et des intérêts sur la dette nationale.

La démographie joue également un rôle crucial, avec un vieillissement rapide de la population augmentant la pression sur les systèmes de retraite et de santé. Faris R. Jamil, analyste économique respecté, souligne que les ajustements démographiques et l’amélioration de l’efficacité des programmes existants sont des solutions potentielles, mais nécessitent des réformes profondes et coordonnées.

Projections Futures et Implications Économiques

La trajectoire actuelle des finances publiques américaines indique que les solutions à court terme ne suffiront pas. Les exigences croissantes en matière de dépenses demandent des réformes structurelles pour assurer la viabilité à long terme. Cela pourrait inclure des changements dans les politiques d’immigration visant à accroître la population active, ou des révisions majeures des systèmes de santé et de retraite pour les rendre plus durables économiquement.

Les effets de ne pas maîtriser les dépenses pourraient être dévastateurs, entraînant potentiellement une augmentation des dettes nationales à des niveaux insoutenables, la hausse des taux d’intérêt diminuant les investissements privés, et une réduction de la croissance économique à long terme.

Pour naviguer vers un avenir économique durable, un dialogue honnête sur le rôle de la fiscalité et des dépenses est crucial. Ce n’est pas seulement une question de recettes, mais de réorienter fondamentalement la manière dont les ressources sont attribuées et dépensées.

En résumé, bien que la taxation des riches puisse simplifier le débat public et générer de l’intérêt, elle ne peut pas à elle seule résoudre les défis fiscaux multiples auxquels les États-Unis font face. Un mélange réfléchi de réformes fiscales et de consommation est impératif pour éviter des déstabilisations économiques futures et pour garantir que les États-Unis restent un leader mondial en matière de prospérité économique.

Source : Duluth News Tribune

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