Depuis quatre mois, les rebelles syriens ont repris Damas à Bachar al-Assad. Le pays levantin est désormais libéré de la dictature mais sa situation économique reste fragile.
Après treize années de conflit dévastateur, la Syrie se trouve à un tournant historique. Avec la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, le pays doit maintenant faire face à un immense défi économique. Alors que les questions politiques et sécuritaires ont dominé les discours, l’attention se tourne désormais vers la possibilité pour la Syrie de redresser son économie effondrée. Le chemin vers la reconstruction est semé d’embûches, mais les enjeux sont cruciaux pour l’avenir du pays.
Héritage d’une Économie en Déclin
Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie bénéficiait d’une économie dynamique en pleine mutation. Fortement ancrée dans le bloc de l’Est jusqu’à la fin du XXe siècle, le pays amorce une période de libéralisation sous Bachar al-Assad. Les années 1990 et 2000 sont marquées par l’Infitâh, une ouverture économique caractérisée par le développement infrastructurel et industriel. Cependant, malgré des progrès notables, l’économie syrienne reposait lourdement sur le pétrole et le gaz, qui constituaient une part significative des revenus de l’État.
Les Sanctions Économiques : Un Obstacle Majeur
Les sanctions internationales contre le régime d’Assad ont exacerbé les difficultés économiques en Syrie, affectant la plupart des secteurs, sauf ceux liés à l’aide humanitaire. Bien que la chute du régime ait changé la donne, la communauté internationale reste prudente quant à une levée rapide des sanctions. Les observateurs s’accordent à dire que cette levée dépendra de la capacité des nouvelles autorités à inclure toutes les composantes ethniques et religieuses du pays dans la transition politique. Une inclusion qui reste cruciale pour garantir la stabilité nécessaire à toute reprise économique.
Les Défis de la Reconstruction : Partenaires Régionaux et Internationaux
L’aide des puissances régionales pourrait jouer un rôle déterminant dans la reconstruction de la Syrie. La Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite ont déjà manifesté leur intérêt pour participer à la modernisation des infrastructures syriennes. Par exemple, la Turquie envisage de reconstruire les routes et les chemins de fer, ce qui faciliterait le retour des réfugiés. Par ailleurs, le Qatar a promis un soutien financier significatif aux fonctionnaires, mais c’est l’Arabie saoudite qui pourrait devenir un acteur clé de la reconstruction, notamment par des investissements massifs à condition que la Syrie s’engage à lutter contre la production de captagon.
L’Économie Syrienne : Vers une Reprise Progressive
La transition vers une économie de subsistance à une économie productive reste complexe. Les nouveaux dirigeants syriens doivent relever le défi de relancer des secteurs tels que les hydrocarbures et le tourisme, qui sont cruciaux pour générer des revenus et créer des emplois. Cependant, le chemin vers une reprise économique durable nécessite des réformes structurelles, ainsi que des mesures visant à stabiliser l’économie interne avant de se réintégrer dans l’économie globale.
Projections et Perspectives Futures
La voie vers la récupération économique de la Syrie est semée d’incertitudes mais aussi d’opportunités. Les projections à court terme suggèrent que la Syrie pourrait bénéficier de la levée progressive des sanctions, à condition que ses nouveaux leaders parviennent à instaurer un climat de paix social et politique. À long terme, la revitalisation des infrastructures essentielles et une politique économique inclusive pourraient attirer des investissements internationaux, stimulant ainsi les secteurs clés tels que l’énergie, le tourisme et l’agriculture.
La situation actuelle en Syrie revêt des implications significatives non seulement pour la région mais pour le monde entier, car la stabilisation de la Syrie pourrait réduire les tensions géopolitiques et les flux de réfugiés. Les efforts combinés des acteurs nationaux et internationaux seront déterminants pour transformer l’économie syrienne en un moteur de croissance et de prospérité.
Alors que le pays se remet doucement sur pied, la capacité de la Syrie à orchestrer une transition économique réussie pourrait devenir un modèle pour d’autres nations éprouvées par des conflits prolongés. Cette période critique pourrait définir une nouvelle ère pour un pays qui n’a pas eu son lot de paix depuis des décennies.
Source : Bfm Tv
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