Median compensation for the CEOs of Canada’s 100 largest public companies topped $10-million for the first time in 2024
Les salaires des PDG canadiens grimpent : entre récompense et controverse
L’économie canadienne a récemment été témoin d’une augmentation significative des rémunérations des dirigeants d’entreprise, alimentée par une performance boursière exceptionnellement forte et une adoption croissante des rémunérations fondées sur les actions par les conseils d’administration. Cette tendance, bien qu’avantageuse pour les PDG, soulève également des questions de disparité salariale. Comment ce phénomène pourrait-il influencer l’économie canadienne dans un avenir proche?
La flambée des rémunérations des PDG en 2024
En 2024, les dirigeants des 100 plus grandes entreprises publiques du Canada ont vu leur rémunération médiane atteindre plus de 10 millions de dollars, une hausse de 19,6 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation a été largement attribuée à l’essor du marché boursier, le S&P/TSX Composite Index ayant lui-même augmenté d’environ 20 %. Cette dynamique a permis aux dirigeants de dépasser les objectifs de performance établis, débloquant ainsi des paiements incitatifs généreux.
Selon les conseillers en gouvernance d’entreprise de Global Governance Advisors, les paiements incitatifs à court terme versés aux PDG étaient en moyenne 55 % au-dessus de leurs cibles. Cette approche généreuse soulève la question de savoir si les conseils d’administration évaluent de manière assez rigoureuse les objectifs de performance. Alors que les actionnaires continuent de soutenir largement les politiques de rémunération des dirigeants, cette augmentation substantielle contraste fortement avec l’augmentation de 3,4 % des salaires horaires moyenne des Canadiens en mai.
L’écart croissant entre les dirigeants et les travailleurs
En creusant les disparités, la rémunération des PDG, aujourd’hui 250 fois plus élevée que celle du travailleur moyen, traduit une tendance à la hausse que David Macdonald, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives, considère comme une recette pour une compensation sans cesse croissante. Les pratiques canadiennes permettant aux PDG de mesurer leur compensation fondée sur les actions en fonction de la performance relative des actions de leur entreprise exacerbent cette situation, créant ainsi une dynamique où les baisses du marché ne se traduisent pas par une diminution des rémunérations des dirigeants.
Perspectives d’avenir pour les systèmes de rémunération
Si cette tendance à la hausse se poursuit, elle pourrait avoir plusieurs implications pour le secteur économique et financier canadien. À court terme, cette montée en flèche des salaires pourrait exacerber les tensions sociales, surtout si les salaires des travailleurs ne suivent pas le même rythme de croissance. À long terme, cette disparité pourrait influencer les politiques publiques, avec des appels potentiels pour une réforme fiscale et une réglementation sur les salaires des dirigeants.
Les conseils d’administration des entreprises devront également faire face à la pression croissante pour revoir les objectifs de performance et les incitations des dirigeants. Il devient crucial, pour éviter des critiques futures, de garantir que la rémunération des PDG est alignée non seulement sur la performance de l’entreprise mais aussi sur l’engagement social et l’équité interne.
L’influence de la culture de rémunération internationale
L’écart entre les pratiques canadiennes et américaines en matière de rémunération des dirigeants est particulièrement notable. Alors que les entreprises américaines privilégient des objectifs basés sur le prix absolu des actions, le système canadien tend à minimiser les impacts des marchés baissiers sur les compensations. Cependant, cela pourrait changer. Les entreprises canadiennes pourraient adopter plus largement des pratiques américaines, cherchant à s’aligner sur des cadres internationaux et à offrir des incitations plus attrayantes à leurs hauts dirigeants.
Le cas exceptionnel de Tobias Lütke et les implications pour le secteur de la technologie
Le cas de Tobias Lütke, PDG de Shopify, est emblématique. Avec une rémunération majoritairement basée sur des options d’achat d’actions, son paquet salarial souligne une stratégie où les gains futurs sont directement liés à la performance du stock. Dans l’industrie technologique, où les fluctuations du marché sont constantes, ce modèle de rémunération pourrait devenir la norme, incitant les dirigeants à investir davantage dans l’innovation et la croissance à long terme.
Réflexions sur l’avenir économique du Canada
Alors que la rémunération des PDG continue de croître, l’économie canadienne entre dans une période complexe où la pression sociale et économique sur les entreprises et les décideurs politiques va croissant. Les prochains mois et années pourraient voir des changements significatifs dans la manière dont les entreprises abordent la rémunération de leurs dirigeants, équilibrant l’amélioration de la performance économique avec les attentes sociales croissantes pour l’équité et la responsabilité.
En fin de compte, la durabilité de ces pratiques de rémunération pourrait dépendre de la capacité des entreprises à démontrer que la création de valeur bénéficiera de manière équitable à tous les intervenants, y compris les employés, les actionnaires et la société en général. L’évolution des attentes en matière de rémunération des PDG sera probablement un indicateur clé de la direction future de l’économie canadienne.
Source : Theglobeandmail
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