La deuxième édition du Forum national des Organisations de la Société Civile (OSC) s’est ouverte hier à l’hôtel Novotel, à Ivandry. Organisé sur trois jours, l’événement a réuni plus de 200 participants venus des quatre coins du pays, à l’initiative d’un collectif d’organisations, parmi lesquelles le Mouvement ROHY, RED DSS, CRDES, CODE Menabe, FIVOI, FIVE […]L’article Forum national des OSC : Appel à une gouvernance concertée avec le peuple est apparu en premier sur Midi Madagasikara.
La gouvernance concertée avec le peuple : un défi crucial pour Madagascar
Madagascar, île aux richesses naturelles inestimables, se trouve à un carrefour décisif de son développement économique et social. En janvier 2024, la capitale Antananarivo a accueilli la deuxième édition du Forum national des Organisations de la Société Civile (OSC), un rassemblement stratégique visant à renforcer le dialogue entre les acteurs clés du pays. Alors que les forêts s’évanouissent à un rythme alarmant et que les injustices foncières s’intensifient, ce forum offre une occasion unique de repenser la gouvernance malgache en intégrant plus étroitement les voix locales.
Les enjeux environnementaux : une urgence économique et sociale
Madagascar est mondialement célèbre pour sa biodiversité inégalée. Cependant, cette richesse naturelle est menacée, principalement par le déboisement incontrôlé. Selon Global Forest Watch, le pays a perdu 1,4 million d’hectares de forêts primaires entre 2001 et 2021, une hémorragie écologique qui met en péril l’équilibre socio-économique régional. En effet, la Banque mondiale souligne que près de 80 % de la population dépend directement des ressources naturelles pour survivre. La déforestation ne compromet pas seulement l’environnement, elle fragilise aussi les bases économiques de nombreuses communautés rurales.
Les collectivités locales, notamment dans des régions comme Nosy Be, se heurtent à des intérêts privés qui s’approprient des terres ancestrales, excluant de facto les habitants traditionnels des bénéfices engendrés par leur propre patrimoine. Cette situation soulève des questions économiques majeures : comment transformer cette biodiversité en une ressource pérenne pour les communautés locales plutôt qu’en un butin ponctuel pour des entreprises extérieures ?
La nécessité d’un dialogue élargi
Un des principaux objectifs du forum est d’ouvrir un dialogue renouvelé non seulement entre les OSC, mais aussi avec les institutions publiques, le secteur privé et les partenaires internationaux. Louis de Gonzague Razafimanandraibe, figure éminente de ce mouvement, insiste sur l’importance cruciale de la collaboration pour résoudre les tensions : « La terre appartient aux Malgaches, pas aux étrangers. »
La mise en place d’un cadre de dialogue solide pourrait permettre une gestion plus inclusive des ressources, où la population locale et les OSC jouent un rôle actif dans la décision et l’exécution des projets de développement. La capacité de ces entités à influencer les politiques publiques pourrait être renforcée à travers des plateformes de communication plus efficaces et l’inclusion de la jeunesse dans ces discussions est un impératif, comme le rappelle Mandihy Raymond.
Les implications économiques et politiques
Pour Madagascar, ce forum représente bien plus qu’une simple réunion ; c’est un appel à l’action. La gestion durable des ressources naturelles nécessite non seulement des politiques environnementales robustes mais également des réformes économiques et sociales intégrées. Les îles voisines, comme Maurice ou les Seychelles, ont démontré comment des politiques de conservation efficaces peuvent coexister avec des modèles de croissance économique axés sur l’écotourisme et la durabilité.
Si Madagascar parvient à redéfinir sa gouvernance des ressources naturelles, cela pourrait favoriser une attractivité économique accrue et un développement rural plus équitable. À terme, cela contribuerait à freiner l’exode rural et à réduire la pauvreté. Dans ce contexte, l’engagement des jeunes générations dans les processus décisionnels et dans la lutte contre la corruption est essentiel pour rétablir la confiance du public envers les institutions.
Projections pour le futur
Afin de projeter l’avenir, il est crucial de considérer les tendances actuelles. Si les pratiques de gestion des ressources et de gouvernance ne sont pas révisées de manière substantielle, Madagascar pourrait voir ses inégalités sociales se creuser davantage, avec une perpétuation de l’exploitation illégale des terres et des ressources. Cependant, si les recommandations du forum sont intégrées dans les politiques publiques, cela pourrait marquer le début d’une ère de prospérité sociale et économique plus équitable.
Néanmoins, la réalisation de cet avenir prometteur repose sur plusieurs piliers : un engagement soutenu des dirigeants politiques, un renforcement des capacités des OSC et une participation active de la communauté internationale. Les capacités locales doivent être développées pour assurer que la gestion des projets de développement est véritablement inclusive et durable.
Vers une gouvernance partagée
Au terme de ces trois jours de discussions, plusieurs priorités et stratégies ont émergé. L’accent est mis sur l’importance d’adopter une approche holistique, où chaque initiative est conçue en partenariat avec les communautés locales et adaptée à leurs besoins spécifiques. Le succès de cette démarche repose non seulement sur la capacité à mettre en œuvre ces recommandations, mais aussi sur l’engagement à long terme des parties prenantes pour maintenir un dialogue ouvert et transparent.
Alors que le Forum national des OSC tire sa deuxième édition à sa fin, il apparaît clairement que le chemin vers une gouvernance plus participative et solidaire est pavé de défis. Toutefois, les fruits de cet effort pourraient transformer significativement le spectre économique et social de Madagascar. En favorisant une approche concertée et inclusive, le pays pourrait devenir un modèle de développement durable en Afrique, s’appuyant sur ses richesses naturelles pour créer des opportunités pour tous ses citoyens.
Ainsi, Madagascar se tient à la croisée des chemins, prête à réécrire son avenir sur une toile de coopération et d’engagement partagés. Les bases d’un changement positif sont posées, il reste à voir si elles seront suffisamment robustes pour supporter le poids des attentes placées en elles. Les mois et années à venir seront décisifs pour évaluer l’impact de ce forum et des réformes qui en résulteront.
Source : Midi Madagasikara
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