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8 milliards de dollars perdus : l’Algérie se prive d’une source vitale en négligeant sa diaspora

L’Algérie, nation riche d’une diaspora de près de six millions de personnes à travers le monde, peine à capitaliser sur cette formidable ressource économique. Chaque année, ce sont environ 8 milliards de dollars qui échappent aux circuits financiers formels, une manne qui pourrait pourtant transformer le paysage économique national.

Des transferts financiers sous-exploités

Près de cinq millions d’Algériens résident en France, un pays qui, historiquement, a toujours été une terre d’accueil importante pour cette diaspora. Pourtant, les transferts financiers en provenance de l’ensemble de la diaspora algérienne plafonnent à environ 1,8 milliard de dollars annuellement. Comparativement, le Maroc, avec un nombre de résidents à l’étranger similaire, bénéficie de près de 11,4 milliards de dollars de transferts. Ce contraste souligne un échec stratégique de l’Algérie à mobiliser les flux financiers de sa diaspora.

Pourquoi un tel écart ?

Plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, l’écart significatif entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle décourage l’utilisation des canaux officiels de transfert d’argent. Les expatriés algériens préfèrent souvent des circuits informels qui garantissent un meilleur rendement de change. Ensuite, l’infrastructure bancaire algérienne à l’international est largement sous-développée, réduisant ainsi l’accessibilité et l’efficacité des transferts via les systèmes bancaires traditionnels.

La place limitée des institutions bancaires algériennes

En outre, la confiance des expatriés envers les institutions financières nationales demeure faible. Ce manque de confiance s’explique par une gestion peu transparente et des incitations limitées à l’utilisation des canaux formels. Ces faiblesses structurelles de l’Algérie se traduisent par des flux financiers qui échappent aux statistiques officielles, ne permettant pas à l’économie d’en tirer les bénéfices nécessaires.

Conséquences économiques : Une richesse dormante

L’incapacité à capter ces transferts se traduit par une perte annuelle équivalente à près de 5 % du PIB algérien. Une somme qui pourrait être utilisée pour financer des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation ou l’infrastructure, domaines dans lesquels l’Algérie a particulièrement besoin d’investissement.

Stratégies de transformation : Moderniser et réformer

Pour inverser cette tendance, l’Algérie doit impérativement repenser sa stratégie. D’abord, la réforme du cadre bancaire est cruciale. Développer des infrastructures bancaires modernes à l’étranger et proposer des produits financiers attractifs aux expatriés pourraient stimuler l’afflux de devises par des voies officielles. La transparence et l’établissement de politiques incitatives par le gouvernement sont également indispensables pour restaurer la confiance des expatriés.

Vers un avenir optimisé

En regardant vers l’avenir, plusieurs scénarios pourraient se dessiner pour l’Algérie. En adoptant des réformes structurantes et en engageant une transformation en profondeur de son secteur bancaire, l’Algérie pourrait rivaliser avec d’autres nations du Maghreb en termes de captation de fonds des diasporas. De plus, si des efforts sont fournis pour combler l’écart entre les taux de change et pour accroître la participation bancaire dans les pays hôtes de grandes populations algériennes, une augmentation des transferts financiers semble possible et bénéfique.

Dans un contexte mondial où la diversification économique devient cruciale, l’économie algérienne ne peut plus se permettre de négliger un réservoir aussi vital que sa diaspora. Avec des actions stratégiques, ce potentiel peut être transformé en une ressource stable et durable, apte à nourrir la croissance économique et la diversification du pays.

Un levier de développement à activer

En définitive, la diaspora algérienne, jusqu’alors sous-exploitée, représente un levier d’opportunités qu’il est urgent de mobiliser. L’expérience marocaine en matière de transferts de fonds peut servir de modèle d’optimisation et d’intégration de la diaspora dans le processus de développement économique. L’avenir économique de l’Algérie pourrait résider dans une meilleure intégration et utilisation des ressources humaines et financières expatriées, contribuant ainsi au renforcement de sa stabilité financière nationale.

Par conséquent, capter et optimiser les transferts de sa diaspora pourrait non seulement atténuer certaines faiblesses structurelles de l’Algérie, mais aussi offrir une voie stratégique vers une diversification économique réussie.

Source : Algerie360

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