En plein cœur des défis économiques actuels, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) des banques au Bangladesh traverse un tournant décisif. Après un changement politique majeur en août 2023, la pression exercée sur ces institutions pour intensifier leurs efforts de RSE a diminué, entraînant une baisse drastique de leur engagement financier. Cette situation soulève des questions cruciales sur l’avenir de la responsabilité sociale dans le secteur bancaire, son impact sur les communautés et son alignement avec les priorités nationales.
Une contraction historique des dépenses de RSE
Les données récentes publiées par la Bangladesh Bank révèlent une chute notable des dépenses de RSE des banques, qui ont atteint leur plus bas niveau en huit ans, avec un total de 615 crore Taka en 2024, soit une diminution de 33 % par rapport à l’année précédente. Cette tendance à la baisse, amorcée depuis le pic de 1 142 crore Taka en 2022, met en lumière l’influence déterminante des changements politiques sur les décisions financières des banques.
La RSE focalisée sur la gestion des catastrophes
Malgré la baisse globale des dépenses, les banques ont continué à investir presque la moitié de leurs fonds de RSE dans la gestion des catastrophes naturelles. Ces initiatives incluent la distribution de couvertures en hiver et des aides alimentaires aux victimes des inondations, soulignant une priorité constante pour soutenir les populations vulnérables face aux désastres naturels.
Les directives non respectées en matière d’éducation et de soins de santé
Il est significatif de constater que les dépenses de RSE dans l’éducation n’atteignent que 14,5 % des fonds, bien loin de l’exigence de 30 % stipulée par la Bangladesh Bank. Cependant, le secteur de la santé a reçu une part plus conséquente, représentant 27 % des dépenses, avec un accent particulier sur les services cliniques gratuits et l’assistance aux démunis. Cette répartition inégale soulève des préoccupations quant à la conformité avec les directives du régulateur et l’impact à long terme sur le développement social du pays.
Le rôle des banques privées
Au cours du second semestre de 2024, les banques privées ont représenté 92 % des dépenses totales de RSE, surpassant largement les banques publiques et étrangères. Cela reflète une volonté plus marquée de la part du secteur privé d’investir dans des pratiques responsables, bien que l’efficacité de ces investissements fasse encore débat.
Défis et perspectives pour les banques
Syed Mahbubur Rahman, analyste du secteur bancaire, a évoqué la pression exercée par les autorités précédentes pour allouer des fonds à divers fonds publics et fondations. Avec la réduction de cette pression, les banques ont l’opportunité de réorienter leurs priorités en matière de RSE. Cependant, la question demeure : pourront-elles aligner leurs objectifs sociaux et financiers de manière optimale?
Projections et implications futures
Dans le contexte actuel, il est envisageable que les banques redéfinissent leur stratégie de RSE pour répondre aux nouvelles dynamiques politiques et économiques. Cette réorientation pourrait voir une augmentation progressive des investissements dans des secteurs négligés tels que l’éducation, si les banques parviennent à intégrer des modèles de RSE plus robustes et alignés sur les objectifs de développement durable nationaux.
L’impact de ces changements pourrait être significatif, non seulement sur le plan économique, mais également sur les plans social et environnemental. En investissant davantage dans l’éducation et la santé, les banques pourraient non seulement améliorer leur image publique mais également contribuer de manière tangible au développement durable du Bangladesh.
Une ouverture vers de nouvelles opportunités de RSE
À mesure que les banques réévaluent leurs stratégies face aux normativités changeantes, il pourrait être avantageux de diversifier leur portefeuille de RSE. Ceci inclut une exploration des initiatives en faveur de la modernisation pédagogique, de l’innovation technologique dans les soins de santé, et des projets axés sur la résilience climatique. Ces orientations permettraient non seulement de respecter les directives actuelles mais aussi de préparer le secteur à anticiper les défis futurs.
En somme, la transition actuelle offre une occasion unique de repenser la responsabilité sociale des banques. En renforçant leur engagement envers des pratiques de RSE ciblées et mesurables, les banques peuvent jouer un rôle crucial dans la construction d’un avenir durable et équitable pour le Bangladesh. Cette phase critique pose les fondations pour des transformations potentielles majeures, tant au sein du secteur bancaire que pour l’économie nationale en général.
Source : The Daily Star
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